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MARIE-GALANTE : UN TERRITOIRE INSULAIRE EXEMPLAIRE EN MATIÈRE DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

21/07/2017  |   |   | 

Élevée au rang de modèle de développement durable pour toutes les zones non-interconnectées lors de la COP22 de Marrakech en novembre 2016, la petite île de Guadeloupe se rêve aujourd’hui en véritable pionnière de la transition énergétique. Le programme « Marie-Galante, île durable » ébauché par les élus locaux dont Maryse Etzol, Présidente de la Communauté de Communes, ambitionne de redynamiser l’économie locale par la transition énergétique, et compte pour cela sur la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Le groupe français, responsable dans ce cadre du volet « énergie et mobilité », travaille actuellement à la mise en place de nouvelles solutions de gestion d’énergie de type micro-grid adaptées aux spécificités de Marie-Galante. Il s’est associé dans ce but au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternative (CEA), via un nouvel accord de coopération signé le 21 juin 2017.

Un programme de développement contre la double insularité

Dépendante de la Guadeloupe pour son approvisionnement en énergie (plus de 2/3 de l’énergie consommée est importée de Guadeloupe), la petite île de Marie-Galante et ses 12.000 habitants sont touchés par une situation de « double insularité » : outre son éloignement du réseau électrique métropolitain, l’île est également éloignée de la Guadeloupe « continentale » (qui ne comprend pas les îles du Sud comme Marie-Galante) à laquelle elle est connectée par une ligne électrique sous-marine, entraînant logiquement des coûts de transport élevés. L’énergie produite en Guadeloupe qui y est importée provient, de plus, à 82% d’énergies fossiles, impliquant de fait un bilan carbone très mauvais pour Marie-Galante. Malgré un fort potentiel de production (solaire, éolien, géothermique ou biomasse avec la bagasse), les énergies renouvelables ne représentent pour le moment qu’à peine 18% de l’énergie produite dans l’archipel.

Pour remédier à cette situation et réduire l’empreinte carbone de leur territoire, les élus locaux se sont lancés dans un programme de développement durable ambitieux destiné à garantir à court terme, l’autonomie énergétique de l’île via un mix énergétique 100% renouvelable, local et économiquement compétitif. Lauréat en 2016 de l’appel à projet « Démonstrateur Industriel pour la Ville Durable » porté par le précédent ministère de l’Environnement, le territoire de Marie-Galante bénéficie dans ce cadre du soutien et de l’accompagnement de l’Etat pour une période de cinq ans afin de développer un modèle de sobriété et d’autonomie énergétique en s’appuyant par exemple sur l’autoconsommation des bâtiments publics ou le développement de voitures électriques alimentées par l’énergie photovoltaïque.

Pour une gestion optimisée des énergies renouvelables

Ce programme verra surtout à terme la mise en place d’une véritable « centrale virtuelle » qui gérera l’ensemble des flux de l’île de manière intelligente. Un projet ici déterminant pour lequel la collectivité s’est associée à la Compagnie Nationale du Rhône et au CEA dans le cadre d’un accord général de collaboration en recherche et développement sur les nouvelles technologies de l’énergie, signé à la fin du mois de juin 2017.

Cet accord prévoit notamment la conception et la réalisation d’un réseau électrique intelligent à l’échelle de l’île (« microgrid ») qui permettra d’harmoniser la production des différentes unités de production d’énergie renouvelable de l’île avec sa consommation globale d’électricité, en mobilisant, en fonction des besoins constatés et prévus, les capacités de stockage installées. En assurant la stabilité des flux d’énergie injectés sur le réseau électrique, ce dispositif innovant de gestion d’énergie garantira la sûreté de fonctionnement du réseau marie-galantais et fera de cette petite île guadeloupéenne le premier territoire insulaire des DOM-TOM autonome en énergie d’ici 2020.

La première éolienne avec stockage de France

Ce programme de recherche débutera par la modélisation du réseau électrique de Marie-Galante et l’insertion de nouveaux moyens de production et de stockage d’électricité renouvelable. A ce jour, « l’île aux cent moulins » située à plus de 6000 kilomètres de l’Hexagone, accueille déjà depuis le 30 juin 2016, la première centrale éolienne avec stockage de France. Installée dans la commune Capesterre-de-Marie-Galante par la société française Quadran, le parc éolien de Petite-Place compte neuf éoliennes rabattables de 275 kW, associées à une capacité de stockage de l’électricité de 460 kWh, via des batteries lithium-Ion, et offre à Marie-Galante la capacité de sécuriser l’alimentation électrique de ses habitants en cas de coupure avec le réseau.

Cette centrale a nécessité au total un investissement, système de stockage compris, de 9 millions d’euros, et permet de se substituer à la consommation annuelle de 600 tonnes de fioul lourd. Un tarif d’achat de 230 euros par MWh est garanti pour la production de ce parc qui figure parmi les fermes éoliennes « avec dispositif de lissage et prévision de la production dans les zones particulièrement exposées au risque cyclonique ».

Le projet de centrale thermique sur Marie-Galante fait débat

Petit bémol toutefois. Si ce programme territorial exemplaire suscite un enthousiasme et un soutien très fort, tant au niveau de la population de Marie-Galante que des élus, il est confronté depuis plusieurs années à un autre projet contradictoire de centrale thermique de 10 MW, présenté comme le seul moyen de sauver l’usine sucrière locale. Adopté en janvier dernier par le gouvernement, le projet de centrale du groupe Albioma doit être associé à l’usine sucrière de l’île et être alimenté pour 20% à la bagasse (résidu obtenu après le broyage de la canne et utilisé comme combustible), le reste de l’approvisionnement provenant de bois importé.

 

Considérée comme indispensable à la rentabilité de l’usine, cette installation est perçue comme un coup d’arrêt au projet d’autonomie énergétique de Marie-Galante par les trois maires de l’île qui proposent de leur côté, un autre projet alternatif. Ce dernier, de plus petite taille (4 MW au lieu de 12 MW), est soutenu par la communauté de communes de l’île et utiliserait exclusivement la bagasse de l’usine sucrière. En visite sur l’île en mars dernier, l’ex-ministre de l’énergie avait exprimé son intérêt pour le projet des élus, remettant ainsi en cause le premier choix du gouvernement. Reste à savoir désormais qu’elle sera la position du nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot sur ce sujet.

merci à @lenergeek.com

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