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Le mix énergétique et les moulins de Barbegal

17/11/2017  |   |   | 

À cinq kilomètres d’Arles dans le village de Fontvieille on peut encore voir les vestiges de moulins à farine hydrauliques datant du 2éme siècle et donc d’origine gallo-romaine. Tandis que beaucoup nous disent comment sauver la planète, un peu de recul sur l’histoire de l’énergie et de son utilisation me parait nécessaire. Les moulins de Barbegal sont classés déjà monuments historiques, mais ils restent en grande partie ignorés des tour operators, il faut dire qu’ils sont envahis de hautes herbes dans une région qui possède beaucoup d’autres richesses.

Les Romains ont construit beaucoup d’aqueducs pour assurer les ressources en eau des villes, et l’aqueduc d’Arles a été utilisé aussi pour moudre le grain et nourrir ainsi l’agglomération. On connait aussi les moulins à vent de la région et il se trouve que la compétition entre les deux sources d’énergie a récompensé le vent au détriment de l’eau, mais il apparait qu’il y a eu compétition et vie commune de ces deux énergies pendant un ou deux siècles de notre ère pour satisfaire les habitants d’Arles. On imagine aujourd’hui que c’est le faible coût de main d’œuvre de l’époque qui a fait gagner le moulin à vent. On retrouve néanmoins des moulins à eau partout en France et même des moulins à marée dans ma Bretagne natale. L’économie a décidé de la manière dont aujourd’hui on passe du grain à la farine.

Depuis que je parle de l’énergie les défenseurs des énergies renouvelables me considèrent comme un pourfendeur de ces dernières. Je n’ai jamais rien dit de tel, j’essaie simplement de montrer que le monde a toujours utilisé l’énergie la moins chère et qu’il en sera de même demain, mais que chaque partie du monde a sa réalité, c’est-à-dire que les solutions seront variées, qu’il y aura partout un « mix énergétique » spécifique et variable dans le temps. Les moulins de Barbegal ont eu leur moment fort, mais d’autres façons de faire ont vu le jour et ainsi va le monde.

Je considère donc que certaines parties du monde, qui y auront intérêt, vont poursuivre l’utilisation des hydrocarbures, et pendant très longtemps encore, d’autres le nucléaire, tandis que pour des raisons qui les concernent certains vont généraliser le solaire ou l’éolien. Je conteste donc l’idée que la planète doive choisir aujourd’hui d’abandonner les hydrocarbures et que le rôle de la France soit de porter cette bonne nouvelle au monde entier en commençant par interdire l’exploration et la production de pétrole et du gaz dans notre pays.

Ne pas gâcher les potentiels nationaux

En raisonnant ensuite en industriel national, je dis par ailleurs que lorsque nous disposons d’une compétence de niveau international qui peut être utilisable ailleurs dans le monde, il est de notre intérêt bien compris de valoriser au mieux ce potentiel, par conséquent puisque certains pays vont poursuivre l’exploitation du charbon pour en tirer de l’électricité et d’autres, dont le nôtre, vont avoir besoin du pétrole, du gaz et de  ses dérivés industriels, nous ne devons pas montrer du doigt l’exploration, la production et la transformation des hydrocarbures, mais, au contraire lutter avec tout le monde contre le gaspillage des ressources, pour la diminution des émissions de résidus de la combustion et pour les recherches qui éliminent, stockent ou utilisent le gaz carbonique, le fameux C02 qui hante les idéologues de le décroissance.

Comment imaginer redresser l’industrie française et combattre le chômage en commençant par dire qu’une grande partie de ce qui nous reste comme entreprises correspond au mal dont il faut se débarrasser ! Comment aller négocier aujourd’hui des contrats pétroliers en affichant la nationalité française, comment répondre à la demande d’ingénierie pour augmenter le rendement d’une centrale à charbon en venant de Paris, comment promouvoir l’industrie des plastiques à partir de notre pays ? Y-a-t-on réfléchi avant de parler à tort et à travers de « transition énergétique » comme si ce que nous voulons pour Paris est valable pour Kinshasa, Johannesburg, ou Caracas ! Nous disposons de conceptions, de solutions, de matériels, pour répondre aux mix énergétiques du monde, nous devons promouvoir notre industrie et non la mutiler.

A quand le développement des énergies marines ?

Comme beaucoup de personnes originaires du bord de mer ou riverains de fleuves ou rivières, tandis que le vent et le soleil donnent lieu à une profusion d’argent et de réalisations, je suis malheureux de ne pas voir plus de travaux et de réalisations autour de l’énergie des courants des mers ou des fleuves. En particulier, je suis très réticent à l’égard des éoliennes en mer dont on nous promet l’installation près de nos rivages. Ces programmes pour nous sont suicidaires parce qu’ils mobilisent des compagnies qui ne sont pas nationales et qu’ils sont engagés à partie d’un prix de l’électricité garanti qui est au-delà de nos possibilité financières (environ 4 fois le prix de l’électricité nucléaire).

Cela ne veut pas dire que c’est une voie sans issue, et c’est aux Allemands de Hambourg et aux Écossais d’Aberdeen de me dire si cela peut marcher chez eux, mais avec le vent de la baie de Saint-Brieuc dans les Cotes d’Armor, sur l’endroit de pêche des coquilles Saint Jacques et près du cap Fréhel, ce n’est ni économique ni visuellement acceptable.

J’aimerais donc mieux que l’on se mette résolument sur les hydroliennes qui utilisent le courant des mers, et j’ai soutenu tous les programmes EDF, DCNS, Sabella et autres qui ont tenté de faire quelques premières expériences. Le problème, c’est que les premiers résultats ne me paraissent pas très encourageants car nous sommes encore très loin des prix qu’il nous faudrait atteindre. La propension des décideurs à vouloir résoudre les problèmes de rendement par le gigantisme qui conduit aux difficultés du programme nucléaire français et à celui des éoliennes en mer a accompagné les programmes hydroliens français. Les outils en expérimentation sont trop gros, trop lourds et le poids de l’acier conduit à un rapport poids sur puissance affligeant. Par ailleurs la corrosion des eaux marines vient peser rapidement sur les coûts de maintenance et il va falloir beaucoup de temps et d’argent pour pouvoir rivaliser avec les autres sources d’énergie. Enfin notre pays est un pays de réseaux où les nouveaux organes se branchent pour s’introduire dans la production générale, et avoir un coût trop élevé est rédhibitoire, même handicap que pour les éoliennes en mer.

Nous avons besoin de toutes les énergies

J’ai donc préconisé que l’on en revienne aux intuitions de l’ingénieur de Barbegal qui avait installé 16 roues à aube sur deux lignes avec 18 mètres de dénivellation, c’est-à-dire que l’on regarde prioritairement le problème fluvial pour éviter la corrosion et que l’on prenne des petites unités pour diminuer le poids et améliorer le rapport puissance sur poids. Il est clair que ceci conduit à s’installer en priorité dans les pays sans réseaux ou à réseaux insuffisants comme c’est le cas en Afrique où l’absence d’électricité le long des grands fleuves est une absurdité puisque l’eau qui coule le fait jour et nuit et qu’il y fait nuit à 18h lorsque les activités commencent avec la chaleur qui baisse. L’énergie solaire est par nature intermittente et le stockage électrique a un rendement global consternant !

Les programmes de travail existent, les ingénieurs travaillent, ils s’investissent, ils investissent eux-mêmes, ils frappent à toutes les portes, ils voudraient bâtir une industrie intelligente comme en son temps Monsieur Vergnet l’avait fait avec ses éoliennes anti-cycloniques, (seule fabrication nationale d’éoliennes aujourd’hui en liquidation judiciaire !), mais on préfère interdire et jeter des anathèmes plutôt que de construire comme l’avait fait l’ingénieur de Barbegal.

Revenons sur terre, et oublions la planète Parisienne, le vélo y devient roi, j’espère que ce sont nos usines à vélos qui vont en profiter,( d’autres villes préfèrent protéger les piétons), on y promeut l’industrie électrique produite par les centrales nucléaires, on y préconise même les vélos électriques !. Mais le mix énergétique parisien ne sera pas celui du monde entier et c’est sur celui-là que notre industrie doit travailler, les hydrocarbures, le nucléaire, l’hydraulique classique, les hydroliennes, l’énergie des mers et des fleuves, les éoliennes et bien sur le solaire. Avec notre démographie galopante nous allons avoir besoin de TOUTES les énergies et notre industrie doit se mobiliser sur tous les fronts, Arles avait besoin de Barbegal pour survivre, loin des solutions de Rome.

Merci à @lemondedelenergie.com

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