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L'électrification de l'Afrique prend du retard

21/12/2017  |   |   | 

La Cnuced, dans son rapport annuel sur les pays pauvres, souligne les manques de financement pour électrifier le continent africain. Au risque de rater l'un des objectifs de développement durable des Nations unies.

Au Niger, des panneaux solaires fournissent l'énergie nécessaire pour pomper de l'eau qui est acheminée dans le château d'eau du village de Safo Nassarawa, près de Maradi. - ISSOUF SANOGO/AFP

Le septième  objectif de développement durable (ODD) des Nations unies pourrait être hors de portée. « Garantir l'accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable » prend du retard dans les pays pauvres.

C'est ce que constate la  Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans son rapport sur les pays les moins avancés (PMA) publié mercredi. Les 32 Etats africains qui composent la grande partie de ces 47 PMA sont en première ligne.

Le Sénégal meilleur élève

A part le Sénégal dont plus de 50 % de la population dispose d'un accès à l'électricité, tous les autres sont en dessous. Les autres pays en développement, eux, affichent en moyenne un taux de raccordement au réseau de 90 %. C'est dire le retard accumulé.

577 MILLIONS

C'est le nombre d'habitants des pays pauvres qui n'ont aucun accès à l'électricité

Au total, 577 millions d'habitants, soit 62 % de la population des PMA n'ont pas accès à l'électricité. Ces habitants se concentrent dans les campagnes puisque 82 % des personnes vivant dans les zones rurales n'ont pas d'électricité. Un constat qui n'a rien de surprenant. Les investisseurs se concentrent sur les grandes zones urbaines et les méga projets industriels comme les mines pour financer d'importantes infrastructures électriques lesquelles demandent entre 20 et 40 ans de travaux.

L'Ethiopie double sa capacité de production électrique

 

Même ces grands projets peuvent susciter des réticences compte tenu de l'environnement politique risqué des pays en question. De plus, ils ne fonctionnent pas toujours de manière optimale. « Plus de 40 % des entreprises sont freinées dans leur activité de production par un approvisionnement en électricité inadéquat, peu fiable et trop coûteux », relève la Cnuced.

Les capitaux manquent

Au-delà de cette caractéristique, les capitaux manquent. « Seulement 1,8 % de l'aide publique au développement, soit 3,8 milliards de dollars par an, est dirigée vers l'énergie. Pour atteindre d'ici à 2030 l'objectif 7 des ODD, il en faudrait entre 12 et 40 milliards de dollars chaque année », constate, Rolf Traeger, économiste à la Cnuced et coauteur du rapport.

Une production électrique en hausse

Des efforts considérables ont bien été réalisés. La production d'électricité des PMA a plus que quadruplé entre 1990 et 2014. Sauf que la production par habitant n'a été multipliée que par 2,5. La croissance démographique en est la cause.

« Ni les capacités de production ni la production elle-même ne sont parvenues à suivre l'augmentation du nombre de personnes ayant accès à l'électricité, qui a progressé de 460 % depuis 1991 », souligne le document. En 2014, la capacité de production d'électricité installée et la production par personne ayant accès à l'électricité étaient inférieures de 50 % et 20 % respectivement par rapport aux niveaux de 1991.

Faut-il pour autant désespérer ? Pour Rolf Traeger, « la solution passera par un savant dosage de financement entre des grands projets d'infrastructures - le réseau - des miniréseaux et des dispositifs autonomes », à l'instar de panneaux solaires ou d'éoliennes dans les coins les plus reculés des pays.

Des énergies renouvelables moins chères

Les nouvelles technologies énergétiques peuvent constituer une solution. Le  coût de certaines énergies renouvelables a sensiblement baissé. « Par exemple, le coût des panneaux solaires photovoltaïques a diminué de 85 % au cours de la décennie écoulée », note le rapport. Ces technologies seront disponibles si un effort financier des bailleurs de fonds internationaux et publics est fait. De même qu'une mobilisation du secteur privé via des partenariats public-privé par exemple.

Pour garantir l'accès universel à l'électricité dans les PMA d'ici à 2030, « il faudra que les réseaux desservent 571 millions de personnes de plus, les miniréseaux 341 millions de personnes de plus et les dispositifs autonomes 114 millions de personnes de plus ». Tel est l'enjeu.

Richard Hiault


Merci à @lesechos.fr