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Creuser un puits et produire sa propre énergie, une même logique

21/08/2017  |   |   | 

Selon l’analyse des recherches sur Google (1), nous évoquons 100 fois plus le mot "autoconsommation" en 2016 qu’en 2010. Véritable phénomène de société récemment mis sur le devant de la scène par les nombreux textes réglementaires en cours de publication, l’autoconsommation reste un phénomène inconnu pour de nombreux Français. Était-il vraiment interdit d’autoconsommer avant 2017 ? À terme, qui va payer les réseaux ?

Autoconsommation, de quoi parlons-nous ?

Pour bien comprendre, il faut savoir que l'électricité se comporte comme un fluide, comme de l'eau. Creuser un puits permet à toute sa famille d'en profiter pendant plusieurs générations. Installer des modules solaires en autoconsommation, c'est la même chose, tout ce qui est produit sur place n'a pas besoin d'être acheté aux fournisseurs. Si à certaines heures (nuit par exemple), la production solaire est insuffisante, le fournisseur fournit le complément, si le solaire produit trop (les vacances par exemple) le fournisseur achète le surplus. Pour un puits, il y a le problème de la gestion de la ressource, car si tout le monde puise de grandes quantités d'eau, les voisins n'ont plus rien. Pour le solaire, il n'est pas possible de tarir la source, ce qui est un avantage immense et ouvre un grand nombre de perspectives pour les consom-acteurs.

Attention, ne pas confondre autoconsommation individuelle et collective

À titre individuel, il est parfaitement légal de produire sa propre énergie depuis le décret du 6 décembre 2000 et les arrêtés suivants, dont la loi sur l'autoconsommation publiée au JO le 25 février 2017. Mais pendant longtemps, les panneaux solaires étaient si chers que cela n'était pas rentable d'utiliser sa propre électricité et il fallait tout revendre pour absorber l'important investissement initial. Depuis que le solaire a baissé de 85 % lors des 7 dernières années, l'autoconsommation devient possible.

En revanche, l'autoconsommation collective qui concerne l'échange d'électricité dans un quartier n'était pas légale jusqu'à présent. Il fallait consommer sur place l'énergie ou la vendre à EDF. Une nouvelle réglementation validée par le parlement va rentrer en application en mars 2017. Elle va permettre de vendre de l'électricité à son voisin.

Cette réglementation va ouvrir un grand nombre de perspectives

Premièrement, elle va permettre de créer des solidarités locales. Aujourd'hui, de nombreux Français ne peuvent pas produire sur leur toiture. Avec cette loi, il suffira de se mettre d'accord avec ses voisins pour installer des générateurs en copropriété (en immeuble, en lotissement...). Un grand pas en avant pour faire rentrer l'énergie dans la nouvelle économie du partage.

Deuxièmement, cette réglementation va permettre de faire baisser le prix de l'électricité. Le solaire étant devenue l'énergie la moins chère du monde (2), si elle est consommée en circuit court, elle fait baisser le prix de la facture. Cela pourrait être particulièrement apprécié des 4 millions de Français qui sont actuellement en précarité énergétique.

Troisièmement, en cas de dysfonctionnements imprévus (phénomènes climatiques, terrorisme...), un black-out provoqué par un phénomène de dominos pourrait avoir de sérieuses répercussions : fermeture des entreprises, des écoles, des hôpitaux... Dépendre d'une source d'énergie lointaine est donc une source de vulnérabilité importante. La production locale d'énergie en autoconsommation assure une résilience importante des territoires. L'architecture d'internet en toile d'araignée a été inventée par l'armée américaine pour résister à une attaque nucléaire sur un point névralgique de communication. La production d'énergie en autoproduction collective est organisée selon une architecture de ce type, extrêmement robuste.

Oui, mais si tout le monde produit son énergie qui va payer l'entretien et les investissements dans les réseaux ?

Lors de l'installation d'un projet en autoconsommation, une box énergie est très souvent installée afin de faire baisser sa consommation et surtout pour synchroniser la consommation à la production, sans impacter le confort des consommateurs. Mais piloter les objets consommateurs d'électricité permet également, à plus grande échelle, de soulager les réseaux à certaines heures.

Ainsi, si le quartier équilibre son offre et sa demande en énergie, c'est autant d'électricité qui ne va pas transiter sur de grandes distances via les réseaux. Selon une étude (3) d'un des instituts les plus réputés au monde et inventeur du mot Negawatt, le Rocky Mountain Institute, ce genre de régulation permet de réduire de 20 % les frais de fonctionnement des réseaux électriques.

Donc cette nouvelle réglementation qui encourage l'autoproduction va faire d'une pierre deux coups. D'un côté, elle va soulager les factures des consommateurs et de l'autre, elle va réduire le prix du transport d'électricité. Cette loi est donc un grand progrès, mais maintenant c'est à nous, Français, à inventer la vie qui va avec. Sur ce point, nous pouvons être confiants, car nous observons partout en France une formidable envie de s'emparer de cette énergie "potagère".

(1) Selon Google trend, https://trends.google.fr/ avec le mot "autoconsommation" 
(2) Selon l'étude de la banque Lazard, Levelized Cost Of Energy 10.0 
(3) Rapport du Rocky Mountain Institute "The economics of demand flexibility how "flexiwatts" create quantifiable value for customers and the grid"

Merci à @lesechos.fr